Huit ans que The Last Shadow Puppets, le groupe récréatif formé des Anglais Miles Kane et Alex Turner, ne s’était pas produit à Paris. A l’occasion de la sortie du nouvel et deuxième album, “Everything You’ve Come To Expect”, ils étaient de passage à l’Olympia. Récit d’un concert que l’on peut d’ores et déjà compter parmi les meilleurs de l’année 2016.
Il est 20h lorsque le Mancunier JEFF WOOTTON (Gorillaz) entre en scène. Look british à souhait, avec pantalon à carreaux et veste en cuir pour celui qui s’est lancé dans une carrière solo en 2015. Il est accompagné d’un batteur et d’un bassiste aussi élégant que charismatique dans un impeccable costume beige et chapeau sur cheveux crépus. Sous des lumières rouges et bleus, le trio livre tout d’abord un rock doux et appliqué mais disons-le, légèrement soporifique. Le public, qui s’est amassé dans la fosse depuis une heure et demi pour s’assurer les meilleures places, semble partagé. Heureusement, les musiciens se lâchent sur la fin du set devenant plus énergiques avec quelques riffs bien sentis et une complicité évidente.
S’ensuit alors les quarante minutes les plus longues des fans de THE LAST SHADOW PUPPETS. La scène s’installe progressivement avec de gros spots pour l’encadrer. A 21h, la foule, surexcitée, n’y tient plus et appelle désespérément Miles Kane et Alex Turner à grand renforts de cris, de sifflements et d’applaudissements. Quinze minutes plus tard, les lumières s’éteignent et les instrumentistes s’installent. Miles se décide enfin à apparaître non sans nouvel appel de la salle. Puis c’est au tour d’Alex d’entrer sur scène. Le couple Milex est réuni, le show tant attendu peut enfin commencer. Miles salue l’Olympia d’un “Bonsoir Paris” tandis qu’Alex se concentre pour ne pas louper le micro qu’il se prend finalement dans le menton. Le moment est cocasse mais on rit un peu jaune. On imagine le pire, que quelques verres pré-concert n’empêchent le leader des Arctic Monkeys de répondre aux exigences d’un auditoire parisien qui attend ce retour depuis des années. Heureusement les doutes sont vite dissipés et les deux compères emportent bien vite la foule avec eux autant sur la classique “Calm Like You” que sur “Bad Habits”, le premier morceau dévoilé en janvier, où Miles fait ressortir son côté punk.
Alors que résonnent les premières notes du tube “The Age Of The Understatement”, la foule se déchaîne, pogotant et chantant à tue-tête refrain comme couplets. Chacun déguste un concert qui promet déjà de rester dans les mémoires. Côté look, Miles fait très vite tomber la veste de costume grise tandis qu’Alex arbore une chemise chamarrée négligemment ouverte sur un ensemble jean noir/T-shirt blanc.
Le duo alterne habilement entre tubes du premier album et morceaux de leur nouvel opus, “Everything You’ve Come To Expect“. Tandis que “Miracle Aligner”, dévoilé la veille, fait lever le balcon, la plus soul “Dracula Teeth” reçoit un accueil plus timide du fond de la fosse. Ils terminent ensuite l’éponyme du second effort, Alex Turner chantant autant pour nous que pour Miles Kane, agenouillé à ses pieds. La bromance est toujours là, pour le plus grand bonheur des fans. “Qu’est ce qu’on fait maintenant ?”, demande Alex à la salle parisienne avant d’entonner l’entêtante “The Meeting Place”. Les deux amis interpellent ainsi le public à plusieurs reprises, parfois en français, visiblement heureux de mettre un terme à cette longue pause. Le set se termine par la mythique “In My Room” dans un feux d’artifices de riffs puissants, la voix de crooner d’Alex Turner emplissant un Olympia survolté et comblé.
L’assemblée supplie pour un rappel. The Last Shadow Puppets lui offre une reprise maîtrisée du “I Want You (She’s So Heavy)” de The Beatles, l’un de ses groupes fétiches. Miles et Alex s’enlacent et alors que certains crient “Kiss! Kiss!”, Turner entonne les premières paroles de la superbe “The Dream Synopsis”, “When we were kissing…”, la foule acclame. “Standing Next To Me”, un des morceaux les plus travaillés du premier essai, vient conclure comme il se doit un set mémorable. Les deux compères chantent alors dans le même micro, presque d’une même voix, les visages se touchent, ils ne font plus qu’un. Après une petite révérence toute en ironie, Miles Kane et Alex Turner se retirent sous un tonnerre d’applaudissements.
The Last Shadow Puppets a livré un concert exceptionnel, rock n’roll, sexy, drôle parfois, le tout dans une ambiance de folie permise par un Olympia fanatique et gonflé à bloc. Un de ces concerts dont on aimerait ne jamais en voir la fin et que l’on se rejouera encore dans nos têtes pour un moment ! Rassurez-vous, si vous avez loupé cette date, les Britanniques seront immanquables dans les festivals cet été !
Setlist :
Calm Like You
Bad Habits
The Age Of The Understatement
The Element Of Surprise
Separate And Ever Deadly
The Chamber
Only The Truth
Pattern
My Mistakes Were Made For You
Miracle Aligner
Dracula Teeth
Everything You’ve Come To Expect
The Meeting Place
Aviation
Sweet Dreams, TN
In My Room
—-
I Want You (She’s So Heavy)
The Dream Synopsis
Standing Next To Me