Reports

THE OLD DEAD TREE @ Divan Du Monde (12/10/13)

Plus de cinq ans après sa dernière apparition dans la capitale, The Old Dead Tree renait de ses cendres et vient achever au Divan Du Monde la tournée anniversaire de son premier opus, “The Nameless Disease”. Ce concert sera, au grand dam de leurs fans les plus dévoués, leur ultime prestation. Pour les accompagner, ce sont les groupes français Dustbowl et et Melted Space qui assureront la première partie, comme tout au long de la tournée.

Avec ponctualité, l’assaut est lancé par DUSTBOWL. Originaire de la région parisienne, ils revendiquent des influences telles que Tool, Katatonia ou encore Paradise Lost. Les ambiances et structures de ces deux derniers se retrouvent effectivement dans leurs compositions, assez alambiquées et travaillées. Les deux premiers titres sont incisifs et les guitares très tranchantes. Vient ensuite “Throu Shalt Suffer”, un morceau accueillant en invité Manuel Munoz, qui n’est autre que le chanteur de The Old Dead Tree ! Ce featuring prend vraiment aux tripes et les deux voix se mêlent habilement pour former une montée en puissance très convaincante. Les deux guitares achèvent la composition par de belles harmonies que ne renieraient pas Bullet For My Valentine. Le guitariste lead troque sa Les Paul rouge contre sa jumelle noire pour les quatre derniers morceaux. La fin du set évolue dans le même registre et certaines lignes de chant semblent assez entendues, ce qui est compensé par un chanteur très en voix. On notera une intro plutôt réussie sur “Solar Soul System”, faite d’un assemblage de voix bruitées et mélangées rappelant l’outro de “Money” des Pink Floyd. Au final, Dustbowl aura délivré une prestation de qualité, avec un très bon son, notamment pour la basse. Les compositions évoquent instrumentalement un Bullet For My Valentine costaud, avec toutefois une voix plus authentique et puissante. Les quelques petites imprécisions de la part des musiciens seront vite oubliées et le volume insuffisant des samples utilisés par le groupe fera apparaitre quelques regrets.

Le public devra ensuite patienter un gros quart d’heure avant de voir débouler MELTED SPACE sur scène. Cette formation atypique est centrée autour d’un musicien permanent unique, Pierre Le Pape, un peu à la manière de Therion ou Avantasia, à qui il est difficile de ne pas penser durant le show. Ainsi, ce ne sont pas moins de cinq voix différentes qui défileront lors du set, en plus de celle de Pierre Le Pape qui assure, par ailleurs, les parties claviers. Le premier titre débute après une majestueuse bande son, installant une ambiance symphonique d’entrée. La chanteuse Clémentine Delauney, aérienne, entre sur scène pour un premier morceau. Engagée dans plusieurs projets, dont le combo autrichien Serenity, elle brille d’aisance et de dynamisme sur scène et semble être un juste milieu entre Simone Simons (Epica) et Tarja Turunen (ex-Nightwish). La chanteuse est remplacée sur le second titre par Black Messiah (Seth) et son chant guttural irréprochable, pour un morceau dans la pure veine death mélodique. Trois autres voix se succèderont et alterneront avec les deux premières par la suite : Manuel Munoz fera d’ailleurs sa seconde apparition sur scène avant même le début du set de son propre groupe ! Il viendra en effet interpréter un duo saisissant avec Clémentine Delauney. On notera par ailleurs le jeu du batteur Gaël Féret (Misanthrope), celui du guitariste Adrian Martinot, qui derrière son pedal-board imposant et sa sept-cordes, n’hésite pas à déployer quelques plans très techniques rappelant par exemple Animals As Leaders. On notera également le titre “Dantes’s Memory”, tiré du dernier “Between” et sa longue intro épique et aux sonorités arabisantes. Côté son, si le mix de la guitare a d’abord inquiété pendant un morceau, tout s’est rétabli, pour un show très bien mis en valeur par l’équipe technique. Au final, le groupe a produit un set ambitieux très équilibré et exécuté de main de maître, le tout dans une belle ambiance entretenue par des lights très travaillées et convaincantes.

Un nouveau quart d’heure d’attente est nécessaire avant le début de l’événement-clé de la soirée : il s’agit en effet du tout dernier concert de THE OLD DEAD TREE, qui s’est reformé pour une série exceptionnelle de onze dates en France, en Suisse et en Belgique après un split, il y a maintenant cinq ans. Cette tournée, qui est notamment passée par le Hellfest en juin, a été organisée pour célébrer le dixième anniversaire de l’album “The Nameless Disease”, premier opus du groupe, et hommage à leur ancien batteur décédé avant son écriture. La bande de l’Arbre Mort débarque sur scène sous les applaudissements de leurs fans et attaque sans transition par le morceau “The Knock Out Song”, du très lourd. Seulement, le son manque de punch, ce qui sera rétabli très rapidement, à la fin du second titre, “Dive”. Manuel (guitare/chant) est très en forme, et n’a rien perdu de ses qualités vocales remarquables depuis le split de la formation. Derrière ses fûts, Raphaël Antheaume est comme à l’accoutumée d’une régularité exemplaire et enchaine les parties inventives à souhait, qui sont une marque de fabrique de TODT. Sur la droite de la scène, Gilles Moinet tient la basse, et non plus la guitare comme par le passé. En effet, le bassiste Vincent Danhier n’a pu prendre part à la reformation pour raisons personnelles et professionnelles (ce qui ne l’empêche pas d’être dans le public ce soir). Pour remplacer Gilles à la guitare, c’est avec plaisir que Nicolas Chevrollier, tient son rang, lui qui officiait à ce poste depuis les débuts du groupe jusqu’en 2006. Après deux premiers morceaux légèrement écornés par le son faiblard, tout rentre dans l’ordre, et le groupe prépare une grande claque grâce à “Out Of Breath”, qui avait eu droit à un clip vidéo en 2005. Vient ensuite le tandem “Is You Soul For Sale?” et “Regarding Kate”, extrait du dernier album “The Water Fields”. Manuel mêle habilement les parties claires chargées d’émotion et les lignes gutturales surpuissantes, avec une aisance déconcertante. Le frontman adresse plusieurs fois quelques mots à l’assemblée, et souligne le plaisir que prennent les membres à jouer ce soir devant leurs fans et leurs familles respectives. Il énumèrera avec humour les soucis rencontrés en seulement dix jours de tournée : amplis grillés, pannes de véhicules… et soulignera le peu d’importance de ceci face au plaisir de tourner à nouveau. Suite à une joli impro, le set reprend de plus belle avec “My Friends”, logiquement dédié aux familles et amis du groupe. Sous les applaudissements de la foule, le combo quitte la scène, tandis que les lumières s’éteignent. “Déja ?” s’interrogent les moins informés. Ces inquiétudes sont vite balayées par les deux roadies qui s’affairent à démonter les deux backdrops aux couleurs de The Old Dead Tree, de part et d’autre de la scène, révélant deux arbres aux feuilles illuminées. Nous arrivons donc au coeur du set, le dénominateur commun de toutes les dates de la tournée : l’album “The Nameless Disease”, interprété dans son intégralité. Les onze titres du premier opus sont déroulés de façon impeccable, et on peut bien s’imprégner de l’ambiance cohérente et de la structure progressive de l’album. Munoz joue ça et là aux devinettes avec le public, demandant de temps à autres “Et après, vous savez quel titre on joue ?”, comme pour tester les connaissances des fans. Le frontman fera également face sur le solo de “Somewhere Else” à un problème technique avec sa guitare : il ne se déstabilise pas et chante le lead, ce qui donne lieu à une version originale mais pas du tout désagréable. L’album s’achève déjà, et le groupe quitte à nouveau la scène sous les applaudissements du public. Les musiciens se font désirer et finissent par revenir pour un rappel, débutant par le très percutant “Start The Fire”, et ses changements de tempo aériens. Ensuite, le groupe change ses plans à la dernière seconde, en ne perdant rien au change, puisque qu’il exécute “Even If” en lieu et place de “Unrelenting”. Enfin, le set s’achève déjà par “What Else Could We’ve Said?”, qui sera de fait le dernier soupir de l’arbre mort. Au terme de ce concert d’une grande qualité, The Old Dead Tree recevra avec émotion une dernière ovation et posera pour une dernière photo devant son public.

Les membres de la formation rejoindront ensuite rapidement la salle et le stand merch, pour échanger avec le public, dédicacer affiches et albums jusqu’à la fermeture de la salle. Leur gentillesse et leur disponibilité sont à noter, et ajoutent encore à la qualité de la soirée dans le coeur des fans. Fans et musiciens se dirigeront ensuite vers un aftershow dans un bar près de Bastille, qui sera le baroud d’honneur d’un pilier de la scène metal française dont l’absence pèse déjà.

Setlist :

The Knock Out Song
Dive
Out Of Breath
Is Your Soul For Sale?
Regarding Kate
My Friends
The Nameless Disease :
We Cry As One
It Can’t Be!
How Could You?
Won’t Follow Him
It’s The Same For Everyone
Somewhere Else
Joy & Happiness
Transition
Quietly Kissing Death
All…
The Bathroopm Monologue
—–
Start The Fire
Even If
What Else Could We’ve Said

par Régis.P