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THE PAPER KITES @ La Maroquinerie (07/02/16)

La Maroquinerie est l’une de ces salles parisiennes dont on ne se lasse jamais. La salle en circulaire offre une ambiance souvent conviviale et intimiste avec le public. Ce soir, les Australiens de The Paper Kites viennent dans la capitale pour la première fois, afin de défendre “Twelvefour”, paru le mois dernier en France.

Les Français de TRUMPS ouvrent le bal avec leur indé électro dynamique et positif. Piochant des titres de leur EP “Clouds To Collide”, ils arrivent à se mettre une Maroquinerie à moitié pleine dans la poche. Si certaines envolées électroniques semblent parfois convenues, l’ajout d’une guitare vient souvent préciser l’ambiance et rendre l’alchimie plus singulière. Petit bémol, le chanteur a une belle voix mais ne sait pas quoi faire de ses mains qui semblent constamment le gêner, l’obligeant à faire des gestuelles étranges ou à partager des blagues douteuses avec l’auditoire. Mais que Trumps se rassure, l’audience n’a pas regretté de ne pas être devant le match de foot mentionné.

 

 

Avant de partir pour l’Australie, nous faisons une halte à Hambourg avec LUISA. Entre pop et folk, la belle ne sait que choisir et le fait de looper certaines parties lui permet de ne pas avoir à faire de choix. Les mélopées acoustiques s’ajoutent les unes aux autres, s’entremêlent et s’accouplent pour délivrer quelque chose de chaud – cela se ressent même dans la salle – que la voix incroyablement haute de la jeune Allemande vient fragiliser. Lùisa a beau être seule, on ne peut s’empêcher de penser qu’elle délivre de l’émotion pour quatre. Mais cette puissance vocale incroyable cache un cœur timide qui, entre les chansons, nous gratifie d’un français irréprochable. Son premier album “Never Own” qu’elle nous présente ce soir, compte d’ailleurs un titre écrit en français. Intitulé “L’hiver En Juillet”, cette ballade finira de faire fondre les cœurs qui avaient résisté aux assauts précédents. Les paroles sont sublimes, les arpèges et la voix unique de Lùisa donnent des frissons à un public entièrement conquis. Puis la jeune Allemande abandonne sa guitare pour terminer le set avec deux morceaux au synthé, dont son titre phare “Vision”. Deux ambiances pour un même moment qui aura été très agréable.

 

 

Nos cœurs sont maintenant prêts pour arriver en Australie. La Maroquinerie n’est guère plus remplie mais la fosse est plus compacte, désireuse de ne pas louper une goutte de cette première en France. Le quintette investit la scène et entame son set par “Electric Indigo”, dont les guitares, légèrement saturées, laissent exploser leur splendeur au fur et à mesure du titre. “A Maker Of My Time” permet de revenir aux premiers amours, qui ont visiblement plus de succès auprès de l’assistance. Les nuances musicales, tantôt acoustiques, tantôt électriques, s’accentuent en concert.

Car THE PAPER KITES fait partie de ces rares combos qui sont capables de sublimer leur musique : la mandoline de “St Clarity” n’a jamais aussi bien sonné, la voix de Sam Bentley n’a jamais été aussi épurée sur “Bloom” et que dire de Christina Lacy dont la voix éthérée résonne comme une douce caresse dans l’air sur “Cold Kind Hand”, seule composition où elle chantera. C’est comme si The Paper Kites nous proposait une version plus émotionnelle que ce qu’il est sur album. Le lieu y est pour quelque chose. L’assemblée, très à l’écoute et respectueuse, également. Mais c’est aussi l’ambiance que Sam Bentley instaure. Bien au-delà du respect qu’il accorde au public parisien, ce dernier n’hésite pas à raconter l’histoire et la naissance de ses chansons, comme il le fait ce soir avec “Paint”, qui conte une expérience sentimentale à la peinture invisible qui n’était pas si invisible que ça. C’est comme si le groupe, en plus de nous offrir de la musique, nous donnait un cadre doux et moelleux, pour appréhender chacune de ses chansons. Une véritable invitation à nous enfermer avec eux dans une bulle où seules les senteurs acoustiques et les mélodies reverbeuses seraient autorisées.

 

 

Mais que serait The Paper Kites sans ce nouveau concept album “Twelvefour“, dont les chansons ont toutes été écrites, chaque jour, de minuit à quatre du matin ? Avec l’apaisante “Turns Within Me, Turns Without Me” puis la très électrique et tubesque “Revelator Eyes”, le concept devient une nouvelle fois réalité. Ce n’est plus la nuit parisienne qui nous enserre mais la musique de The Paper Kites qui nous enserre. Une pensée égoïste nous envahie, celle que ce set pourrait ne jamais se terminer mais la vaporeuse ballade “Too Late”, juste avant le rappel, vient nous rappeler l’importance du moment, car ce ne sera malheureusement pas possible.

 

 

Après 1h15 de jeu, The Paper Kites ponctue son show sur “Featherstone”, n’oubliant pas de remercier à la fois les formations mais aussi son public. Et ainsi s’achève le concert mais aussi la tournée des Australiens. Sur Facebook, on peut lire “Paris, je t’aime”. Après cette soirée, nul doute quant à la réciprocité de tels sentiments. Revenez-nous vite.