En cette fraîche soirée de décembre, alors que la semaine s’achève, quelques chanceux se pressent dans l’enceinte feutrée de l’Olympia. La raison ? Le retour de The Prodigy sur scène. Un événement, une teuf incroyable.
La salle parisienne affiche complet ce soir. Dans les rangées du balcon ou dans la fosse, les profils sont bien différents. Toutes les générations y passent, même les plus jeunes, chose étonnante pour un dimanche soir. Même les gosses ont le droit de faire la fête après tout.
En guise d’amuse-bouche, le DJ SALIGO assure la première partie. Un set d’une heure entre sons breakbeat, house, etc., lourds et festifs. Mais si quelques têtes hochent au rythme du “four to the floor” pesant, la majorité de l’auditoire ne semble pas vraiment réagir au déferlement que le Français propose. Certes, certains esprits sont déjà chauffés et dansent, mais ils se font rares. Les autres semblent surtout se tenir prêts pour la suite.
Get Your Fight On
Et lorsque la salle se voit plongée dans le noir et que les premières notes de “Breathe” résonnent, c’est l’incendie. THE PRODIGY est là. La fosse, jusqu’alors statique, comme figée par l’anticipation, se métamorphose en une marée humaine bouillante. Le plancher de l’Olympia, décidément bien solide, ressemble presque à un trampoline. La fosse est montée sur ressorts. Les verres de bière ne restent pas bien longtemps remplis et, au lieu de finir dans le gosier de quelqu’un, atterrissent plutôt sur le dos d’un autre. Le genre d’énergie qu’aurait tout à fait communiqué Keith Flint, le regretté membre de la formation décédé en 2019, s’il avait été présent.
Sur scène, c’est le MC Maxim Reality, au charisme monolithique, qui désormais porte seul sur ses épaules la responsabilité de frontman. Le style est drastiquement différent. Le Britannique préfère plutôt arpenter la scène de long en large, presque toisant le public, pendant qu’il délivre son flow. C’est uniquement lorsqu’arrive “Firestarter”, jouée en hommage à Flint, que le MC devient immobile, sans chanter. Respect.
Out Of Space
Pendant plus d’une heure et demie, les hits s’enchaînent. Le groupe n’a de toute façon pas sorti d’album depuis No Tourists en 2018. Sans nouveautés à mettre en avant, c’est donc un set best of que le quatuor nous offre. Les tubes issus du disque culte The Fat Of The Land (1997) en font bien évidemment partie, tout comme “Everybody In The Place” tiré du tout premier maxi du groupe sorti en 1991. On y voit également passer des morceaux issus de Music For The Jilted Generation (1994) ou de The Day Is My Enemy (2015).
Quels que soient les morceaux joués, la fosse de l’Olympia bondit et rebondit sans arrêt. Maxim Reality s’occupe même d’exhorter à se lever, sans ménagement d’ailleurs, la poignée de personnes encore assises en gradin. Les titres les plus énervés, comme “Omen” ou “Their Law”, donnent lieu à des moshpits au (pas vraiment) doux parfum de poppers. Et lorsqu’arrivent les immenses “Smack My Bitch Up”, puis “Take Me To The Hospital”, et aussi “Invaders Must Die”, la mythique salle passe encore un cap dans l’excitation et l’énergie.
Car niveau scénographie, le groupe ne déçoit pas non plus. Entre les gyrophares géants, la statue de plus de trois mètres de haut qui diffuse des lasers à tout-va, et les autres équipements lumineux, on se croirait plus à un concert techno qu’à un concert de rock. Les moshpits ainsi que la guitare et la batterie sont là pour nous rappeler que The Prodigy est justement un mix ultra efficace des deux univers.
La chaude soirée passera comme un éclair. Il y a fort à parier que certain(e)s sont ressortis de là boitillants, ou avec des ecchymoses naissantes, mais surtout trempés de sueur -ou de bière-. Évidemment, on en aurait voulu toujours plus, quitte à finir jusqu’au bout de la nuit, tant le groupe était généreux dans son énergie, son lightshow et le choix des morceaux. Toutes les bonnes choses ont une fin. On espère que ce n’est pas le cas pour The Prodigy. L’idée d’un retour dans la capitale donne d’ores et déjà des frissons d’excitation.