Après cinq années de silence, on ne les attendait plus et pourtant The Rasmus sort de l’ombre et du silence avec un nouvel album, “Dark Matters”, et un passage au Trabendo très attendu, puisque la date affiche complet. Alors, le rock de The Rasmus est-il rouillé ou toujours aussi rodé ?
Vous connaissez les frères Gallagher, mais connaissez-vous les frères Weyermann ? Venu de Suisse, le duo THE WEYERS a pour lourde tâche d’ouvrir le bal ce soir. Délivrant un rock tantôt lumineux, tantôt énergique, les deux frères s’emparent d’un Trabendo timide mais curieux. L’un à la batterie, l’autre à la guitare, les deux Suisses donnent de la voix et livrent un set survitaminé pour nous introduire leur nouvel album, “Out Of Our Heads”. Un rock aux accents texan qui met de bonne humeur pour aborder sereinement la suite.
Vingt minutes plus tard, le ton monte d’un cran avec les italo-américains de KLOGR. Au programme, un metal alternatif avec des rythmiques groovy et acérées, équilibrées par des mélodies progressives. Ce savant mélange entre rock et metal, rencontre hybride et improbable entre Alice In Chains, Metallica et Tool, semble faire son petit effet auprès du Trabendo qui se réveille. Klogr nous présente ce soir son troisième album, “Keystone”, porté par “Sleeping Through The Seasons” et “Prison Of Light”, tous deux bardés de mélodies et d’envolées lyriques. Même si parfois trop démonstratifs dans les solos, le groupe maîtrise son sujet et remplit haut la main sa mission de première partie : nous en mettre plein les esgourdes avant le plat de résistance.
21h15. Les Finlandais de THE RASMUS sont très attendus ce soir, en témoigne les cris lorsque le batteur Aki s’installe derrière ses futs, vite rejoint par ses fidèles compagnons de route. Lorsque Lauri Ylönen entonne d’emblée le tube “F-F-F-Falling”, un sentiment vif nous envahit : la soirée, placée sous le signe de la camaraderie et de la nostalgie, s’annonce très bonne. Le public du Trabendo se laisse prendre au jeu dès les premières secondes et les cinq années d’absence se sont déjà volatilisées sur “Guilty”, tiré de l’album phare de la formation, “Dead Letters”. Lauri est très en voix et chaque instrument ressort bien, nous avons déjà la réponse à notre question : le rock de The Rasmus est plus rodé que jamais !
S’il est jouissif de voir que le combo maîtrise toujours aussi bien la puissance du rock sombre qui a fait sa réputation (“Time To Burn”, l’incroyable “First Day Of My Life” et son intro aux accents metal), l’assemblée se voit également rassuré sur les titres du nouvel album, “Dark Matters“. Sur “Empire”, le concert prend des allures de soirée en boîte et les éléments électroniques, très incongrus sur album, prennent tout leurs sens ici, maintenant, ce soir. Le thème du morceau, qui évoque le divorce du chanteur, n’aura pas échappé aux quelques filles du premier rang qui brandissent à l’unisson des roses.
Du rock sombre à la fête, il n’y a qu’un pas mais The Rasmus montre plus que jamais qu’il en a sous le coude et que sa musique brasse encore plus large, ne délaissant pas cette sensibilité qui lui est propre. En témoigne la touchante interprétation de “Funeral Song” où Lauri est seul, tout juste accompagné par les lignes de basse d’un Eero Heinonen (basse), relayé au second plan, dans l’ombre. La voix du chanteur a gagné en puissance et cette jolie parenthèse, accompagnée par des violons, ajoute encore du contraste à la prestation des Finlandais.
Les montagnes russes émotionnelles se poursuivent et c’est toujours entre deux classiques fédérateurs que le quatuor présente avec humilité son nouvel opus. Qui aurait cru que le phrasé R’N’B d’un “Nothing” mettrait autant d’ambiance, si ce n’est plus, qu’un “No Fear” ? Les compositions et les différentes ambiances se répondent en écho et l’histoire de The Rasmus, celle d’un groupe qui a toujours voulu se renouveler, prend forme sur scène. Chaque soir, les Finlandais adaptent légèrement leur setlist et aiment changer au moins un morceau. Paris se verra donc gratifiée de la très électrique “Immortal”, rarement jouée et divinement interprétée par un Lauri qui n’a pas peur de s’époumoner.
Après une heure de jeu qui en a paru dix, les premières notes de “In The Shadows” retentissent. Nous ne sommes pas en 2003 et pourtant, la fougue du public et du groupe semblent tout droit tirée de cette époque phare où le tube avait propulsé la formation sur la scène mondiale. S’en suit un court rappel après lequel Eero vient reprendre “Champs Elysées”, petit clin d’oeil des Finlandais qui avouent adorer notre belle ville. “In My Life” nous replonge une dernière fois dans les classiques du groupe, tandis que “Sail Away”, dont les paroles ne pouvaient pas être plus prophétiques, annoncent la fin d’un concert réussi.
Retour gagnant pour nos Finlandais qui sont venus faire la fête sur les nouveaux titres mais qui n’ont pas pour autant oublié de faire vibrer nos cœurs encore adolescents avec les plus grands tubes de leur discographie.
Setlist :
F-F-F-Falling
Guilty
No Fear
Empire
Silver Night
Time To Burn
Immortal
First Day Of My Life
Livin’ In A World Without You
Justify
Funeral Song
Paradise
Nothing
In My Life
In The Shadows
—-
Wonderman
Sail Away