Un vent tout droit sorti des années 90 souffle sur l’Accor Arena ce dimanche soir. Les icônes du rock alternatif grunge américain sont de passage à Paris pour leur tournée The World Is A Vampire. L’occasion de voir si The Smashing Pumpkins arrive à intégrer les morceaux plus récents à une setlist truffée de tubes.
Une montée en puissance inattendue
TOM MORELLO a mis son plus beau béret pour lancer le show de cette soirée parisienne. Il prend le micro pour entamer “Soldier In The Army Of Love” dans une salle déjà bien remplie. Les titres peu connus du public ne suscitent pas beaucoup de réponse au sein de la fosse. Le chant un peu mécanique de l’artiste, les riffs répétitifs et les solos peu inspirés laissent de marbre. Le ton monte un peu avec “Let’s Get The Party Started”, reprise au chant par le guitariste du groupe. Une belle surprise vocale pour un titre terriblement efficace. Le concert commence à prendre une autre direction, mais c’est sur le medley des plus grands riffs de Rage Against The Machine que Tom Morello met tout le monde d’accord. Impossible de résister à ce déferlement de sons bien connus de tous.
Le duo “Cochise/Like A Stone” amène un peu d’émotion en souvenir du défunt Chris Cornell. La mise en scène avec le micro vide sous les projecteurs et les musiciens dans le noir accentue l’effet. La reprise de Bruce Springsteen “The Ghost Of Tom Joad” touche l’auditoire en plein cœur. Tom Morello joue avec ses dents sur sa guitare, il pousse le côté guitar hero à fond et ça fonctionne. L’Accor Arena ovationne le guitariste, elle est fin prête pour exploser sur “Killing In The Name”. Et quel final ! Une entrée en matière qui est passée du froid au chaud en l’espace de quelques minutes.
Un trio renouvelé
THE SMASHING PUMPKINS prennent place après une jolie mise en scène sur l’audio de “Atum”, issu du dernier album. Le trio original est agrémenté de sa nouvelle guitariste Kiki Wong, recrutée parmi les 10 000 candidatures reçues lors de la campagne lancée en début d’année. L’entame du concert est résolument rock avec “The Everlasting Gaze” et son outro de feu. Néanmoins, c’est sur “Zoo Station” que le groupe montre à quel point il est en forme. La reprise de U2 trouve une nouvelle dimension avec une interprétation puissante. Très élégant dans son costume blanc, James Iha dévoile la finesse de son jeu.
Le choix des lumières est judicieux. Le rendu pop acidulé pour “Spellbinding” ajoute du dynamisme au morceau. La salle acclame les premières notes de “Tonight, Tonight”, un des morceaux préférés des aficionados du groupe. Le rendu live est tout simplement magistral et c’est une ovation que fait l’audience à la fin de la musique. Les vieux titres reçoivent le plus de ferveur, c’est le lot de la plupart des artistes qui cumulent plusieurs décennies de carrière. Billy Corgan le sait et il joue le jeu jusqu’au bout. Le frontman lâche sa guitare pour chanter “Ava Adore”. Il danse, parcourt la scène et crée du lien avec son audience. C’est jouissif. La version live est incarnée et la connivence avec le public renforce l’émotion du morceau.
Une prestation habitée
L’enchaînement avec le sublime “Disarm” est tout simplement parfait. Billy et James prennent le temps d’échanger avec l’assemblée. Échangeant sur les Jeux Olympiques, ils en viennent à dire que Siamese Dream aurait pu gagner la médaille d’or de l’album le plus triste. Une déclaration suivie du beau titre “Mayonaise”. C’est presque sans transition que le groupe se lance sur son hit “Bullet With Butterfly Wings”. Si sur scène les citrouilles manquent clairement d’entrain, dans la fosse c’est la folie furieuse. La sauce continue de monter jusqu’à “1979” puis c’est un autre spectacle qui commence.
La setlist se focalise sur des morceaux moins connus du grand public. La scénographie devient plus complexe, elle suit le rythme des riffs de guitares et des ambiances des titres proposés. Le rendu visuel est hypnotique. Les musiciens se font plaisir sur la version live de ces compositions. Jimmy Chamberlin excelle à la batterie, la basse est bien lourde et les trois guitaristes créent des dynamiques complexes. Un peu réticent, l’assistance finit par se prendre au jeu devant la qualité du show. Sur “Gossamer” les musiciens se regroupent autour de leur batteur pour une fin de morceau ébouriffante. Du blues, des solos de guitare, du groove et de l’intensité. Tout est là ! Il se dégage une vraie complicité, une envie de jouer ensemble qui est communicative. Arrive ensuite le moment de clore le show, et quel final ! L’enchaînement de “Cherub Rock” et “Zero” met tout le monde d’accord.
Plus qu’un concert, c’est un voyage magistral à travers plus de trente ans de carrière que The Smashing Pumpkins a réalisé à Paris.