Mardi 11 octobre, la petite scène de la Maroquinerie fut investie par deux groupes d’indie rock en “The” mus par la même générosité. Les français de The Dukes et les anglais de The Subways se sont relayés face à une salle affichant complet. Contrastant avec la fraîcheur automnale, la moiteur de l’air, lui-même transformé par la prestation explosive de chaque musicien et par l’engouement des jeunes et moins jeunes spectateurs, en disait long sur les qualités scéniques de The Subways et sur le potentiel du premier album de leur première partie (dans les bacs le 5 décembre). Retour sur une mémorable leçon de rock’n’roll.
“Bonsoir Paris ! Nous sommes The Dukes !” A 19h30, Shanka, chanteur et guitariste du groupe invité par The Subways pour les supporter sur leur tournée, débarque sur scène dans un débardeur à l’effigie de David “Ziggy Stardust” Bowie. Pour être rock, salue tes aînés. Le jeune Gaspard Murphy et Stephen Galtera se mettent en place à la guitare et à la basse; et lorsque Greg bat- pardon, défonce les caisses pour jouer l’intro de “The Mangler”, le groupe tout entier délivre son énergie et débute un show électrisant et généreux. Malheureusement, encore peu connus malgré leur notoriété de base, The Dukes se heurtent à la froideur du public parisien. Cela n’entame pas leur fougue. Shanka dédie “The Stooge” à Josh, le batteur de The Subways. Le quatuor est reconnaissant pour la chance qui leur est offerte; Greg est vêtu d’un T-Shirt portant le message : “The Subways: We Don’t Need Money To Have A Good Time”, du nom du dernier single du troisième opus du trio anglais. Sur “Resilient Lovers”, Shanka traverse la foule intimidée tout en continuant de jouer de la guitare. Après s’être donnés sur “Sugar Cut”, les quatre garçons s’éclatent sur “(Where) Angels (Fear To Tread)”, considérant avec amusement leur chanteur- guitariste slammant sur le public inaccessible mais visiblement échaudé par ces écarts avant la reprise de “To Hell With Good Intentions” de McLusky. Pour être rock, et en particulier face à un auditoire frileux, soit audacieux. C’est sur cette image désinvolte que The Dukes ont achevé cette première partie surprenante, détonante.
Au bout d’une entracte de trente minutes, les lumières s’éteignent et des gyrophares bleus balayent la scène avec un enregistrement vocal en fond. Affichant un sourire qu’ils ne quitteront plus, The Subways entrent sur la musique de “Chariots Of Fire” -cette fameuse musique qui illustre les passages au ralenti dans les films. La performance commence fort avec “Oh Yeah”, semant le chaos dans la fosse. Pour être rock, bouscule-moi. Mais bouscule-moi comme il faut : la Maroquinerie est le théâtre du plus grand festival de crowdsurfing (foireux) de son histoire. Même quand Billy Lunn, le leader, ordonne à la fosse de se lancer dans un circle pit, les jeunes cancres se lancent… dans un moshpit. Séquence émotion sur “Mary”. Déchaîné, le public hurle les paroles des tubes du trio anglais tels que le renversant “Rock & Roll Queen”. En véritable chef d’orchestre, Charlotte Cooper est égale à elle-même : poupée de cire sur ressorts aussi grande que sa basse, elle traverse la scène sur le rythme de “We Don’t Need Money To Have A Good Time”. A 21h35, après avoir enflammé le coeur de chaque spectateur avec “With You”, le groupe s’éclipse pendant les cinq minutes réglementaires avant le rappel. Derrière les fûts, les biceps de Josh Morgan travaillent plus fort sur “At 1 AM”; et le concert se termine en apothéose avec l’impressionnant crowdsurfing de… Billy Lunn, sur “It’s A Party” !
Dans une salle permettant une proximité inédite et malgré une foule jouant le très chaud et le froid, The Dukes et The Subways nous ont convaincu en nous offrant des sets sauvages. En écoutant le premier disque des français et en se repassant les trois opus des britanniques, les spectateurs chanceux n’auront qu’une seule envie : remettre en pratique les codes du genre. Rock n’roll, baby.
Setlist :
Oh Yeah
Young For Eternity
Obsession
Alright
Mary
We Don’t Need Money To Have a Good Time
Pop Death
Shake! Shake!
I Want To Hear What You Have Got To Say
Rock & Roll Queen
Celebrity
Kiss Kiss Bang Bang
Turnaround
With You
—-
At 1 AM
It’s A Party