C’est dans une Machine Du Moulin Rouge survoltée que The Used fait son retour en France après sept ans d’absence, pour un concert qui promet d’être riche en émotions. Depuis son passage en 2007 à l’Élysée Montmartre à l’occasion du Give It A Name Festival, le groupe a sorti quatre albums dont “Imaginary Enemy” paru il y a deux mois, dont le quatuor est en pleine promotion. La première partie est assurée par Our Theory et Merge, deux groupes parmi les plus en vogue de la scène rock/post hardcore parisienne.
La salle est déjà considérablement remplie lorsque OUR THEORY donne le coup d’envoi aux alentours de 20h20. La formation commence son set sur “Blue Valentine” et la salle se laisse rapidement emporter par le post hardcore mélodique du quintette. Deuxième date parisienne avec le nouveau batteur Guillaume Cellarius, Our Theory livre une prestation impeccable et communique sans hésitation son enthousiasme de participer à la soirée. La qualité du set monte d’un cran à chaque concert et le chanteur Bastien Berhault agrémente les parties vocales de quelques screams de plus que sur l’album. Malgré un son brouillon et des guitares trop peu audibles, le groupe fait preuve d’une énergie débordante. Our Theory propose en majorité des titres de son premier album “Collapse“, mais aussi un nouveau morceau en fin de set, qui présage du bon pour sa prochaine sortie. Les parisiens concluent leur prestation sur le single “The Devil” et quittent la scène pour laisser place à Merge.
Une demi heure de changement de plateau et de line check plus tard, les lumières s’éteignent et le set de MERGE commence sur l’intro “A Perpetual Spring” avec Kazu Yamane, seul à la batterie. Les musiciens montent sur scène un par un et font une entrée en matière explosive avec “Lighters”. Valeur sûre de la scène post hardcore française confirmée par son premier album “Elysion“, Merge offre une performance de haut niveau avec un Anthony Hamin (chant) au top de sa forme, qui n’hésite pas à se jeter dans la fosse ou à grimper aux piliers de la salle. Le groupe conclut ce soir une tournée européenne de quinze dates et présente une nouvelle fois au public parisien un set imposant et captivant, témoin d’une rare maîtrise de la scène. Merge livre essentiellement des morceaux de son opus dont les singles “Joy Illusion” et “Wolf’s Dagger” ainsi que “Ecclesiast” extrait du premier EP, “Transmission” (2012). Les cinq musiciens font déjà preuve d’une certaine maturité sur scène, prouvant leur professionnalisme à travers une prestation solide et un maîtrise incontestable.
Après un dernier changement de plateau, les lumières s’éteignent de nouveau et THE USED monte enfin sur scène. Une large majorité du public attendait ce concert depuis sept ans, voire plus pour ceux qui ne les avaient pas vu au Give It A Name Festival en 2007. La formation américaine a fait du chemin depuis son dernier passage. Le groupe est actuellement en pleine promotion de son dernier album “Imaginary Enemy” sorti il y a deux mois. C’est sur “Cry”, le lead single de ce dernier que Bert McCracken (chant), Quinn Allman (guitare), Jepha Howard (basse) et Dan Whitesides (batterie) entrent en scène sous un tonnerre d’applaudissements. Derrière eux, une toile de fond arbore une partie de l’artwork de leur dernier album depuis le début de la soirée. Le premier morceau du set fait son effet et la tension monte d’un cran dans la salle. La foule est déjà surexcitée lorsque se termine “Cry” et les acclamations redoublent lorsque se fait entendre l’intro de “Take It Away”, tiré du deuxième album “In Love And Death” (2004), une véritable bombe en live. Le groupe enchaîne avec une version allégée couplet/refrain/couplet/refrain de “The Bird And The Worm” puis avec le très efficace “Listening”. Le combo fait une pause et Bert s’adresse au public pour demander “est-ce que vous ressentez l’amour dans cette salle ce soir ?”, puis il annonce une surprise spéciale. Un couple monte sur scène et le jeune homme fait une demande en mariage applaudie par toute la salle. Les futurs mariés remercient le groupe et quittent la scène. Bert McCracken en profite pour dire quelques mots, notamment qu’il croit que chacun devrait être libre d’aimer qui il veut, il encourage le public à embrasser ses amis sur la joue, avant d’annoncer une chanson d’amour et Quinn lance l’intro de “I Caught Fire”, single pop à succès des débuts de The Used. Les américains enchaînent les morceaux, retour en 2002 pour les fans de la première heure avec “The Taste Of Ink” extrait du premier album de The Used et son refrain repris en choeur par la fosse qui saute avec enthousiasme. Le groupe livre un habile mélange de morceaux des divers opus, qui satisfait les fans de toutes les époques. Bert tend le micro au public plusieurs fois et les premiers rangs chantent sans se faire prier. La formation est très excitée d’être à Paris ce soir, comme nous le confiait Jeph plus tôt dans la journée et Bert ne manque pas de le répéter entre les morceaux, tout en remerciant à de nombreuses reprises l’assemblée pour sa présence. Le charisme du chanteur contribue à l’euphorie et l’enthousiasme général. The Used continue de livrer les morceaux qui ont marqué sa carrière, avec “Buried Myself Alive”, “Revolution”, “Blood On My Hands” et “The Best Of Me”. L’ensemble des screams est assuré par Jeph et Quinn et non par Bert comme c’était le cas plus tôt dans leur carrière. Le groupe promet de pas attendre sept nouvelles années pour revenir et termine son set avec “Pretty Handsome Awkward”. Les musiciens quittent la scène quelques instants et laissent planer le doute sur un éventuel rappel. Bert revient suivi de Quinn équipé d’une guitare acoustique pour une interprétation touchante de “On My Own” repris en choeur par la salle, tous briquets allumés. Jeph et Dan reviennent à leur tour sur scène et Bert prend le micro une dernière fois pour annoncer “nous allons conclure le concert de ce soir par la meilleure chanson jamais écrite.”. Raisonnent alors les premières notes du “Smells Like Teen Spirit” de Nirvana et la fosse déchaînée puise dans ses dernières forces pour sauter une dernière fois; le groupe réalise une transition parfaite vers l’intro de “A Box Full Of Sharp Objects” qui conclut en beauté un set légèrement trop court pour une attente aussi longue. Avant de quitter la scène, Bert lance un “fuck you, I won’t do what you tell me” et le concert se termine sur les notes du refrain du “Killing In The Name” de Rage Against The Machine scandé par l’auditoire. Les quatre musiciens quittent la scène pour la dernière fois et la salle se vide d’un public exténué et plein d’étoiles dans les yeux.
C’est un retour réussi pour The Used, qui a su ravir les fans de toutes heures, les plus anciens comme les plus récents. Le talent du quatuor américain est incontestable et le public français espère déjà avoir la chance de les retrouver prochainement. Mention spéciale à Emodays Production sans qui ce concert n’aurait jamais eu lieu, ainsi qu’aux premières parties Our Theory et Merge pour avoir ouvert l’un des meilleurs concerts rock de cette année !
Setlist :
Cry
Take It Away
The Bird And The Worm
Listening
I Caught Fire
The Taste Of Ink
All That I’ve Got
Buried Myself Alive
Revolution
Blood On My Hands
The Best Of Me
Pretty Handsome Awkward
—-
On My Own
A Box Full Of Sharp Objects