Après une absence de huit ans sur le territoire français, l’un des plus grands groupes de rock des années 1960-1970 fait son retour à Paris Défense Arena, accompagné d’un orchestre symphonique pour sa tournée. Bien que certains titres interprétés pour la soirée n’aient pas nécessité de réorchestration, c’était un réel plaisir d’entendre les plus grands succès de The Who.
Moins de personnes se sont pressées par rapport aux concerts du Boss qui ont eu lieu au même endroit quelques semaines auparavant. Et dès l’entrée dans la salle de spectacle, on peut constater que le public n’est pas tout à fait au rendez-vous. Est-ce dû au prix des billets ? Est-ce que le fait que The Who soit accompagné d’un orchestre symphonique, avec des arrangements qui ne plaisent pas forcément aux puristes, y est pour quelque chose ? Impossible à dire, mais environ vingt mille personnes ont applaudi le groupe, pour une capacité totale de quarante mille places. Cependant, il a été révélé ultérieurement que pour cette tournée particulière, la configuration assise (y compris dans la fosse) permettait d’accueillir vingt mille personnes. Dans ce cas, le chiffre de dix-sept mille spectateurs semble moins “dramatique“.
Tout d’abord, saluons la scénographie de la soirée avec ses quatre grands écrans autour de la scène qui projettent, en début de concert, un diaporama mêlant des photos d’époque accompagnées des stars des années 1960 ou 1970, des tournées et des publicités pour les différents projets du groupe. La scène semble très encombrée et il est difficile de bien percevoir l’agencement de tous les musiciens symphoniques pendant le spectacle.
The Arrogants
Le concert s’ouvre avec le groupe lillois THE ARROGANTS. Ce groupe mod ou rock n’roll, fortement inspiré par les sixties (il suffit de regarder les tenues des musiciens), délivre un set énergique façon garage rock. Malheureusement, les compositions manquent d’inspiration et nous laissent un souvenir plutôt flou. Malgré cela, les applaudissements sont chaleureux, témoignant du fair-play du public de la soirée.
Après un intermède d’environ quarante-cinq minutes, c’est au tour du groupe anglais de monter sur scène. THE WHO entame le premier set avec l’orchestre symphonique. Composé en partie de musiciens du Conservatoire de Paris, l’orchestre offre un accompagnement variable selon les morceaux. Est-ce vraiment nécessaire de réorchestrer “Pinball Wizard” ou “Who Are You” ?
Malgré tout, les morceaux sont solidement interprétés par tous les musiciens et c’est toujours une expérience incroyable de profiter du jeu de guitare virevoltant de Pete Townshend ou de la voix toujours aussi impeccable de Roger Daltrey.
Cette première partie est également l’occasion de profiter d’un set principalement composé de titres de Tommy, l’opéra rock culte de 1969 (et principalement connu pour son adaptation cinématographique complètement folle de 1975).
Let’s get back to rock n’roll
Ensuite, vient la deuxième partie du set, une fois l’orchestre sorti de scène. La formation renoue avec ses premiers morceaux et son ADN rock et joue les incroyables “The Kids Are Alright”, “Won’t Get Fooled Again” (et son cri parfaitement exécuté par Roger Daltrey) ou encore “Behind Blue Eyes”. L’assemblée se laisse aller un peu plus et semble apprécier d’entendre (ou de réentendre) les titres les plus rock des Anglais. Daltrey et Townshend suivent le mouvement et semblent se détendre.
Il est maintenant temps d’entamer la troisième et dernière partie, mettant cette fois en avant des morceaux de Quadrophenia, autre opéra rock du groupe sorti en 1973, et à nouveau accompagnée par l’orchestre symphonique.
C’est le puissant “The Real Me” qui ouvre cette dernière partie de soirée, superbement interprété par Daltrey. Les autres musiciens ne sont pas en reste et l’exécution est brillante. “Baba O’Riley” achève de rendre fou l’auditoire qui se masse contre les barrières pour être au plus près de ses idoles.
Alors que tout le monde se prépare à se lever en se disant que c’est bel et bien terminé, l’émouvant “Tea & Theatre” est joué à la guitare acoustique par Daltrey et Townshend. Après une dernière accolade poignante, les deux monstres du rock n’roll quittent la scène.
Il est difficile de ne pas penser que nous avons peut-être assisté à l’une des dernières tournées de The Who, étant donné que les deux musiciens ont 78 et 79 ans. Mais qui sait ?