Annoncé depuis quelques temps maintenant, ce nouveau projet, regroupant trois illustres musiciens de la scène hard/metal, profita de sa tournée européenne pour faire étape dans la capitale. Retour sur une soirée hautement technique !
Avant de faire face au trio technique du soir, la soirée va tranquillement débuter avec une relative jeune formation : THE SIXXIS. Face à une Maroquinerie qui s’est remplie à vitesse grand V; ce quintette originaire des Etats-Unis et plus précisément d’Atlanta aura la lourde mission de démarrer les hostilités musicales, en ce dimanche bien grisâtre. Mené par le timide, mais talentueux, Vladdy Ishhakov au chant, la formation se compose d’une pair de redoutable guitariste, d’un bassiste et d’un batteur, bien évidemment. Fort d’une expérience réussie, en première partie de la dernière tournée des Wishbone Ash, ceux-ci se retrouvent donc en compagnie du trio magique. Durant un peu plus d’une demi heure, ils proposeront un rock à la fois progressif, à la fois mélodique où quelques pointes plus heavy viennent relever le tout. La voix de Vladdy va rapidement prendre le dessus, malgré quelques soucis techniques et moultes larsens, afin d’étaler son grain très clean et une puissance inattendue, à première vue, venant d’un petit gus comme lui. Paul Sorah et Cameron Allen, qui tiennent les guitares, démontreront également technicité et originalité au fur et à mesure du set. Malgré une configuration peu avantageuse pour eux; en raison du peu d’espace disponible pour bouger sur scène, ils embarqueront tout de même l’audience du soir et sortirons sous de vives applaudissements. Une musique éclectique et originale qui mérite d’être scrutée de plus près. De plus, il faudra sans doute compter sur ce jeune et prometteur groupe dans les années qui viennent !
Tiens donc, la salle affiche complet, mais qui se cache derrière THE WINERY DOGS ? Prenez donc Richie Kotzen à la guitare et au chant, Billy Sheehan à la basse et un certain Mike Portnoy à la batterie, voici donc la formule magique. Cet nième supergroupe vient tout juste de sortir son premier album “The Winery Dogs“, paru le lendemain du concert; assez étrange tout de même. Quoiqu’il en soit, dès les premières notes, du premier titre, “Elevate”, la foule est d’emblée captivée et semble connaitre les paroles par coeur ?! Sur la toute petite scène de la Maroquinerie, Sheehan à gauche, Kotzen à droite et Portnoy au centre, derrière son kit argenté. Les sonorités hard mélodiques sont facilement identifiables, rappelant sans surprise la musique de Mr Big. “Criminal”, second morceau de la soirée, ne figure pas sur l’édition européenne, mais sur la version japonaise de l’opus, de quoi surprendre une bonne partie du public. Sur un tempo légèrement plus lent, le morceau déploie un typique hard rock US, où la voix de Richie prend logiquement le dessus. Comme prévu, le trio jouera l’intégralité des treize titres de son opus, sans pour autant suivre l’ordre original, de quoi installer un peu d’inattendu et d’apporter un autre rythme à leur prestation. Que ce soit sur “We Are One”, “One More Time” ou le funky “Six Feet Deeper”, le niveau technique est bien entendu très élevé. Du côté des percussions, sobriété et efficacité sont à l’ordre du jour, Billy épaule parfaitement la guitare, doublant certaines parties pour apporter une profondeur supplémentaire au rendu final, le tout en s’éclatant comme un enfant de dix ans avec son jouet préféré et enfin Richie armé de sa Fender, qui étale tout son talent où un détail aura certainement attiré l’attention des guitaristes présents dans la salle. Richie joue uniquement avec le pouce et non le médiator (mis à part avec sa acoustique), surprenant lorsqu’on observe ses nombreux sweeping; et bien sachez que Richie a mis trois ans et demi pour atteindre ce niveau (le niveau qu’il avait au médiator), trois ans et demi ! Bref, Richie est un pur tueur à la guitare mais également un excellent chanteur, l’artiste complet en somme. Chacun d’entre eux aura son spot solo, histoire d’étaler et d’enfoncer le clou du “j’ai du talent, check ça” mais également de permettre aux deux autres de souffler l’espace de quelques minutes. Suite à “Not Hopeless”, Richie reprendra “Stand” de Poison, avec sa guitare acoustique, suivi d’un morceau à lui, “You Can’t Save Me”. C’est arrivé au quatre cinquième du show qu’ils reprendront un titre de Mr. Big : “Shine”, pour le plus grand plaisir de tous, histoire de les mettre encore plus à contribution vocalement. “I’m No Angel”, “The Dying” et enfin “Regret” et son atmosphère mielleuse, vont marquer la fin prochaine du concert. Un petit détour par les backstages plus tard, le trio refait son apparition sur scène pour les deux derniers morceaux. Le premier sera une reprise d’Elvin Bishop, “Fooled Around And Fell In Love”. Dans la même veine que le titre précédent, le groupe mise sur une pointe d’émotion et de proximité avec son public, afin de conclure la soirée dans les meilleurs conditions possibles, avant la dure rupture qui les attend. “Desire” sera ainsi le point final à ce récital technique et old school.
Avec un peu plus de cent minutes de show, dans une chaude et humide atmosphère, Kotzen, Sheehan et Portnoy s’arrêtent et saluent les premiers rangs. Un concert sold out, une excellente ambiance, que demander de plus ? Un second album peut-être ? Il semblerait que cela soit dans les tuyaux. Malgré certaines réticences quant à la “simplicité” de certaines compositions, la qualité intrinsèque du trio est bien évidemment hors norme et cela a le don de plaire au public français !
Setlist :
Elevate
Criminal
We Are One
One More Time
Time Machine
Damaged
Six Feet Deeper
Solo Mike Portnoy
The Other Side
Solo Billy Sheehan
You Saved Me
Not Hopeless
Solo Richie Kotzen
You Can’t Save Me
Shine
I’m No Angel
The Dying
Regret
—-
Fooled Around And Fell In Love
Desire
Crédit photos : Olivier Gestin