Le quatuor californien Tool revient en France après près d’une décennie d’absence. Pour l’occasion, le groupe était en concert exceptionnel à l’Accor Arena pour promouvoir son album Fear Inoculum. Retour sur un show spectaculaire.
BRASS AGAINST se charge ce soir d’ouvrir le bal. La formation s’est fait connaître pour ses reprises avec cuivres de Rage Against The Machine ou Audioslave. Ce qui a l’intérêt de donner une toute autre dimension à ces titres. Certains ont même été allongés pour y intégrer des solos de trombones ou de saxophones.
Pendant ses quarante-cinq minutes sur scène, le groupe distille donc différents morceaux de ces artistes légendaires. “Bulls On Parade” ou “Guerilla Radio” de Rage Against The Machine mettent particulièrement l’ambiance. Tout comme les reprises de “Stinkfist” et “Forty Six & 2″… de Tool justement. L’énergie de la chanteuse Sophia Urista est communicative et ne pâlit pas de la comparaison avec un Zach De La Rocha au sommet de son art. Brass Against termine ainsi son set avec le cultissime et efficace “Killing In The Name”. On se dit que si le concert n’avait pas été totalement assis, beaucoup se seraient déjà levés à ce moment-là. L’Accor Arena est donc fin prête pour accueillir la tête d’affiche.
Sons et lumières
Une pause d’environ vingt minutes et l’obscurité tombe sur l’arena de Bercy tandis qu’un gigantesque rideau de fils vient entourer la scène. Les cris du public parisien accueillent comme il se doit TOOL. Les quatre membres du groupe se répartissent sur la gigantesque scène. Le titre éponyme de leur album Fear Incoculum (2019), leur premier en treize ans, se charge d’ouvrir les hostilités.
Tout de suite, les premières impressions sont fortes. La scénographie, quoique simple dans son agencement, est spectaculaire. En plus de l’écran situé derrière les membres, le rideau qui les sépare de l’assemblée est illuminé de projections diverses et variées reprenant l’iconographie du quatuor. S’enchaînent donc images étranges, psychédéliques et hypnotiques, souvent inspirées des pochettes des disques. Et, une fois le rideau enfin écarté, d’autres effets de lumière prennent le relai, pour un résultat impressionnant. Un régal pour les yeux.
Malgré cela, le regard ne peut s’empêcher de se tourner vers les quatre musiciens. Il faut dire que la formation livre ici un show carré, millimétré même. Tous sont dans la pleine maîtrise de leur instrument. En particulier Danny Corey qui, derrière sa batterie, fait la démonstration de son talent phénoménal. Le frontman Maynard James Keenan, perché sur des plates-formes situées côte à côte de la batterie, n’est pas en reste. Même s’il se retrouve forcément en retrait à certains moments étant donné le nombre de sections instrumentales. Le son global est massif, les riffs sont lourds et la rythmique déchaînée.
Gargantuesque mais robotique
Au final, le concert durera près de 2h30. Rien d’étonnant quand on voit la longueur moyenne des morceaux joués par les Californiens. Pour le choix des chansons, le dernier album se taille la part du lion, occupant la moitié de la setlist. Et bien sûr, l’audience ne boude pas son plaisir. Le groupe pioche dans la quasi totalité de son répertoire (le premier album Undertow (1993) est étrangement délaissé), notamment avec le morceau “Opiate”, tiré de l’EP du même nom sorti en 1992. Mais c’est surtout “The Pot”, extrait de 10,000 Days (2006) qui anime en premier la foule. Dès les premières notes, une large partie de la fosse se lève des sièges pour profiter, debout, de cette débauche musicale.
Tool enchaîne les titres fleuves et navigue donc entre les albums. Dans la fosse, peu décident de se rassoir. Un petit nombre s’est rapproché de la barrière tandis que d’autres se sont installés tout au fond de l’arena, peut-être pour être plus libres de mouvements. Beaucoup hochent de la tête en rythme, certains se mettent même à danser. L’auditoire accueille très chaudement des titres comme “Pneuma”, “The Grudge” ou encore “7empest”.
Mais si musicalement et visuellement tout est calé comme du papier à musique, le manque de spontanéité et de communication avec la foule rend la chose quelque peu robotique. C’est le principal bémol de ce show titanesque. Ce n’est que lors du retour du groupe sur scène après l’entracte que Keenan descend de son perchoir pour y rejoindre ses camarades. Ensemble, ils interprètent la première partie de “Culling Voices” de façon assez dépouillée. Avant bien sûr de reprendre les hostilités pour le reste de la chanson puis pour le colossal “Invincible”.
Contrat rempli pour Tool, qui montre qu’une décennie après, les musiciens sont toujours là et ont plus d’un tool dans leur sac. On regrettera forcément le manque d’échange avec le public mais ce n’est pas suffisant pour éclipser toutes les autres qualités de ce concert exceptionnel. Et tout comme Maynard James Keenan, on espère que l’attente de leur prochain concert sera moins longue que pour celui-ci.