Paris attendait depuis 2011 la visite sur ses terres de la cornflake girl. Profitant de la sortie de son quatorzième bébé “Unrepentant Geraldines”, tout juste arrivé le 12 mai, revoici Tori Amos dans sa salle préférée du Boulevard Poissonnière.
En ouverture, les anglais TREVOR MOSS AND HANNAH LOU entrent, ponctuels, à 19h30 sur la scène du Grand Rex. Deux guitares acoustiques, un harmonica parcimonieux, et un seul micro : c’est joue contre joue que le couple fait vibrer la salle à l’unisson de leurs voix cristallines. Face à une audience assise et
réservée, ils envoûtent grâce à la douceur fragile des huit morceaux qu’ils présentent ce soir. Sortie après un chaste baiser et une révérence à l’assemblée tombée sous leur charme.
A peine envolés ces quelques grammes de finesse, voici que TORI AMOS entre en scène à 20h32. En leggings vinyle bleu, tunique noire, et stilettos ouverts, elle s’affirme féminine et féministe. Ce soir, elle se passe de l’assistance d’un groupe : c’est enserré entre deux pianos – un immense Bösendorfer et un clavier électronique -, qu’elle interprètera ses titres en solitaire. Sous la voûte céleste résonne déjà “Parasol”, dans une version aérienne, puis “Bouncing Off Clouds” achevée d’un grand claquement du couvercle du piano à queue. La rousse incendiaire s’est emballée, alors elle explique que c’est cette capitale française qui la met dans tous ses états. Retour aux sources avec le monumental “Crucify” (1992) : nouveau fracas, nouveau sourire; le public est ravi. Au fond, neuf écrans projettent des ambiances lumineuses ou un simple mur de briques. Alors que “Northern Lad” (1998) est à peine entamé, la chanteuse stoppe. Elle a fait une fausse note, jure un peu, fait la folle, avant de reprendre et d’improviser une charmante ritournelle “mistakes happen so here we go again, this time I swear I’ll try my best to get it right… for you, for me”. Sur “Weatherman”, issu du dernier album, de puissants faisceaux traversent la salle depuis la scène, inondant de lumière le plafond constellé du Grand Rex. Deux tonnerres d’applaudissements accueillent successivement “Leather” et “Mother”. La jeune-femme enchaine avec deux reprises seventies : “Boys In The Trees” sur les deux pianos à la fois (Carly Simon) puis le tonique “Tiny Dancer” d’Elton John. Scintillement doux et rayons de lumière pour “Horses”, puis un “Honey”, face B. de “Cornflake Girl”, qui enfièvre avec sa tension contenue, le souffle court et la voix éraillée de la mezzo-soprano. Des techniciens remplacent le clavier par un orgue Hammond, et c’est sous des couleurs virevoltantes comme un manège que la jolie rousse termine son set avec “In The Springtime Of His Voodoo” survolté, puis “Cornflake Girl” agrémenté d’une bande son préenregistrée. Elle fait la révérence, et sautille en direction des backstages. Mais voilà l’orgue aussitôt remplacé par le premier clavier, et la demoiselle de retour. A sa demande, le public chante sur l’espiègle “Mr. Zebra” et marque le rythme sur “Raspberry Swirl”. Une dernière plongée dans le bleu, saupoudré de lights à l’avenant : le récent “16 Shades Of Blue” et la mélancolique “Lady In Blue” où la jeune quinqua appuie son texte “there are those who say I am now too old to play” ou “can I join you, I can play for youuuu?”. Ce sera la fin, il est 22h21, les lumières se rallument, la salle se vide doucement.
Tori Amos a offert au public parisien un très beau voyage à travers une discographie de plus de vingt ans. Hormis le choix d’utiliser des bandes enregistrées sur deux titres, son live est un subtil mélange d’émotion et force. Délivrant une setlist équilibrée et majestueuse, Tori Amos a su ravir son public.
Setlist :
Parasol
Bouncing Off Clouds
Crucify
Northern Lad
Apollo’s Frock
Weatherman
Leather
Mother
Lizard Lounge
Boys In The Trees
Tiny Dancer
Horses
A Sorta Fairytale
Honey
Virginia
In The Springtime Of His Voodoo
Cornflake Girl
—-
Mr. Zebra
Raspberry Swirl
16 Shades Of Blue
Lady In Blue