C’est une Maroquinerie presque complète qui accueille ce soir l’un des groupes les plus fameux de la scène post hardcore actuelle. Pour cette première date parisienne de Touché Amoré depuis près de quatre ans, autant dire que les choses se sont rapidement emballées.
Alors que les coups de vingt heures vont bientôt retentir, La Maroquinerie n’est pas encore complètement remplie. Beaucoup de personnes sont encore au rez-de-chaussée en train de siroter une bière ou autre breuvage en attendant. Puis le groupe anglo-belge CHALK HANDS fait son entrée sur scène. Le set ne dure qu’une grosse demi-heure, mais cela suffit à convaincre une partie, voire la totalité, du public.
À la croisée des chemins entre le post hardcore, le post rock et même le math rock, le groupe joue quelques extraits de sa discographie qui font mouche immédiatement. L’énergie est là, la qualité aussi. En somme, une ouverture parfaite pour cette soirée.
Touché par la grâce
À 21h, sans même que les projecteurs de la salle ne s’éteignent pour signaler le plat de résistance, TOUCHÉ AMORÉ s’avance sur scène. Immédiatement, l’auditoire est en liesse, tandis que Jeremy Bolm, le chanteur, incite la foule à se rapprocher de la scène. Et celle-ci ne se fait pas prier.
Dès les premières notes de “Flowers And You”, la foule se déchaîne dans un moshpit bouillonnant comme on n’en voit pas souvent à La Maroquinerie. Les crowdsurfing s’enchaînent, à tel point que jusqu’à trois personnes sont portées par la foule en même temps. Certains en profitent même pour monter sur scène, puis sauter dans le public sans hésitation. Heureusement, il ne semble pas y avoir eu de blessés à déplorer ce soir-là.
Court mais (très) intense
Le point négatif de cette soirée est que le set du groupe n’a même pas duré une heure. Cela dit, vu l’intensité avec laquelle Bolm chante/crie et avec laquelle l’audience lui répond, on comprend que faire un set plus long aurait épuisé tout le monde et potentiellement gâché la soirée.
D’autant plus que la formation n’a pas été avare en chansons, avec dix-neuf morceaux joués. Il est d’ailleurs notable que le groupe a profité de la sortie de son dernier album, Lament, en 2020, pour ne pas jouer la majorité des morceaux issus de celui-ci, mais plutôt offrir une rétrospective de toute sa discographie. L’album Parting The Sea Between Brightness And Me (2011) est, par exemple, celui qui est le mieux représenté.
Quelle que soit la chanson, la ferveur est là. Presque sans interruption, à part les mots de remerciements et d’appréciation de Bolm, la foule bondit sur le tempo des morceaux qui s’enchaînent à un rythme effréné. Mais l’assemblée n’est pas à bout de souffle. Au contraire, elle hurle les paroles aussi fort que Jeremy Bolm, si bien qu’il est parfois difficile de savoir qui, du chanteur ou de ses fans, s’entend le mieux.
Environ cinquante minutes de spectacle plus tard, presque toute la foule est en sueur, le crâne de Bolm est lui-même luisant et l’atmosphère de La Maroquinerie est moite et sulfureuse. Signe que ces minutes, bien que courtes, ont été vécues à 100 %. Le pire, c’est qu’on en aurait redemandé !