Ça vous dit quelque chose Triggerfinger ? Ce trio méchamment barré a littéralement ravagé la scène de La Gaité Lyrique le 19 mars dernier. Mais il y a toujours une première partie et là non plus, on ne s’est pas payé nos têtes. The Dukes, groupe français rock, a branché ses armes de destruction pour trente minutes de craquage mental, loin de déplaire à ce public expérimenté.
Ils sont deux, jeunes et n’ont pas le temps de traîner. Le premier morceau de THE DUKES balance du lourd à la façon de “Are You Gonna Go My Way” de Lenny Kravitz et c’est n’est qu’un début. Ils font de la salle, un temple pour les mordus de rock. Les titres s’enchaînent, ils nous apportent toujours un plus. Le jeu de lumières n’est pas laissé au hasard et le troisième morceau résonne comme “The Importance Of Being Idle” d’Oasis. Autant dire que nos sourires s’affichent immédiatement. Ces petits Français ont tout compris de la patte pop rock anglais. Pour ceux qui ont préféré rester bien au chaud ce soir, cette phrase est pour eux : “les absents ont toujours tort”. “Just In Case”, extrait du dernier album “Smoke Against The Beat“, s’amorce comme “Highway To Hell” d’AC/DC. Pour être clair, le dépaysement n’est pas pour les addicts. Leur années d’apprentissage ont fini par payer et leur influences sont bien solides. Pour le plus grand bonheur de tous, le panel rock est exploré dans bon nombre de recoins : pop rock, post rock, en passant même par le punk rock. Le duo n’a peur de rien et c’est sans détournement que The Dukes détruit les frontières pour Triggerfinger. Pour le dernier morceau, leur côté animal lancinant nous étourdit et crame nos neurones. Les cardiaques prendront le risque d’être hospitalisés d’urgence, mais quand on aime le rock qui tabasse, chaque seconde compte, non ?
L’horloge s’arrête sur 21h40, l’audience de La Gaité Lyrique sera tenue pour cible. Soyez vigilent, le trio a son arme bien chargée, avec une mesquine tendance à dégainer assez rapidement. Vous n’aurez pas le temps de respirer, qu’ils vous dérouilleront en une fraction de seconde. Connus pour avoir la main légère sur la gâchette, vous ne quitterez pas vos cellules de sitôt. Ces magiciens aux écorces acides, brassent des sonorités vertigineuses. Mesdames, Messieurs, les strass et les paillettes sont prévus pour mieux vous berner, vous ne serez pas déçus. La salle est pleine, les petits se faufilent et les grands se bousculent. Le public sera indulgent quant au retard, il est surexcité et se jure indiscipliné. Les dandys du rock destroy de TRIGGERFINGER arrivent décontractés, leur premier tir “Black Panic” se veut insolent, à croire qu’une barre de pôle dance serait indispensable. Le jeu de scène est loufoque et hors de contrôle, vous aurez votre dose, c’est promis ! Ils sortiraient de Gotham City, qu’on ne serait pas étonné. L’apparat cols de chemise fermés et chaussures vernies sont de mise, ne vous fiez pas aux apparences, car pour le coup, elles sont littéralement trompeuses. Ces allumés rock pur sang, enivrent la foule avec “And There She Was Lying In Wait”, ils nous font grimper aux rideaux et ne nous laissent pas le choix que de serrer les dents et prier pour que nos nerfs ne lâchent pas. “By Absence Of The Sun” vrille entre riffs de guitare intenses et la batterie qui s’emballe. Cette combinaison fâche le diable qui s’empare de nos esprits. Que votre cage thoracique soit bien scellée avec “Big Hole”, car c’est un show sans concession. Un conseil : “a vous de suivre et de survivre”. Petite pause à l’abri des déferlements infernaux avec “My Baby’s Got A Gun”, l’énergie sexuelle prend place, à base de phéromone et d’intensité. La voix de Ruben Block nous crispe le ventre façon “Double Trouble” d’Eric Clapton, la basse de Paul Van Bruystegem, alias Monsieur Paul, bouscule nos gestes et envahie nos cuisses. Les membres réinventent la luxure dans une nuit torride sans lendemain. Etes-vous prêtes à faire fondre vos jupes mesdames avec “All This Dancin’ Around” ? Nos délires nocturnes s’évaporent dans leur bas fonds. Mario Goosens offrira un solo de batterie renversant, pendant que ses acolytes dérèglent les lumières et se jouent des conventions. La soirée passe évidemment plus vite qu’une ombre et l’heure du rappel frappe déjà. Ces adeptes des reprises nous interpréteront “I Follow Rivers” de Lykke Li. Petite ballade dans un champ loin de tout, c’est un bain de soleil assuré et l’audience ne se privera pas de les accompagner. Les trois clôtureront cette nuit de débauche avec “Driveby”, dernière escale façon rock où leur partition dégouline le long de nos chairs.
Le groupe belge, expert du stoner rock, a délibérément enflammé la scène de La Gaité Lyrique. Il est évident que l’assemblée n’a été rassasiée que pour un court instant. Alors, que notre volonté de les revoir s’exauce prochainement.
Setlist :
Black Panic
And There She Was Lying In Wait
By Absence Of The Sun
Big Hole
Halfway Town
On My Knees
My Baby’s Got A Gun
Camaro
Let It Ride
All This Dancin’ Around
Is It
—-
I Follow Rivers
Driveby