Ce mardi 10 novembre 2015, c’est dans un Palais Omnisports tout neuf que le légendaire groupe irlandais U2 démarre sa série exceptionnelle de quatre concerts indoor : le “iNNOCENCE + eXPERIENCE Tour 2015”. RockUrLife vous raconte.
Bercy a fait peau neuve et s’appelle désormais “AccorHotels Arena”. Les Irlandais ont pour mission d’inaugurer la salle en version live. A peine entré, notre regard est tout de suite attiré par une allée centrale menant à une petite scène ronde et coupant la fosse en deux. Au-dessus, un écran géant, tout en longueur est suspendu. Tous les gradins sont utilisés. Une partie du public verra donc le groupe de dos. Pour nous faire patienter, pas de première partie, mais une playlist pop rock, rythmée et variée passant de Nirvana à Patti Smith. Durant “People Have The Power”, cela commence à s’agiter du côté de la petite scène ronde, ainsi que de la grande.
20h40, Bono fait son entrée d’un côté pendant que The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr. s’installent de l’autre. Le chanteur salue la foule, l’applaudit et se dirige d’un pas chaloupé vers ses petits camarades pour entamer “The Miracle (Of Joey Ramone)”. L’assemblée est debout pour accueillir la formation, ravie et excitée de voir les musiciens dans de telles conditions. Ils n’avaient pas fait de tournée en salle depuis 2001. Les artistes ont plutôt l’air heureux d’être à Paris. Après “Vertigo” et “I Will Follow”, c’est dans un très bon français que le leader s’exprime : “On a toujours été à la maison en France”. Il va ensuite parler du dernier album “Songs Of Innocence” (2014), introduire la chanson écrite pour sa maman “Iris” et la dédicacer à toutes les mères. L’émotion monte d’un cran quand des images d’elle défilent, jeune, insouciante. La surprise est aussi au rendez-vous quand sur “Cedarwood Road”, Bono entre dans l’écran sur lequel défile virtuellement la rue de son enfance. L’illusion est dingue. C’est un premier aperçu de ce que le combo est capable de faire techniquement et visuellement. Tout le show a été construit autour de cette incroyable passerelle-écran.
Si le dernier effort est plutôt mis en avant en début de soirée, il sera mélangé aux anciens hits pour le plus grand plaisir des fans de toujours. “Sunday Bloody Sunday” va mettre le feu à la fosse. Les musiciens vont la jouer alignée sur l’allée centrale et la chanson va prendre toute son ampleur. Les artistes ne voient pas un concert uniquement comme un moment de divertissement. C’est aussi une occasion pour dénoncer, mettre en avant ce qui les révolte, faire passer des messages donner du courage, rassembler. Durant “Raised By Wolves”, ils en profiteront pour parler des victimes d’un attentat jamais jugé. Et puis un mur de Berlin virtuel va tomber ce qui permettra d’entendre un remix de “The Fly” avec des phrases et des mots en français (“Vous avez le droit de garder le silence”, “Demain m’appartient”, “Appelle ta mère” etc. ) défilant sur l’écran comme dans le clip de 1991. “Achtung Baby” sera l’un des albums les plus joués ce soir et ce n’est pas pour nous déplaire tellement il a marqué la carrière de U2.
Le show continue de plus belle et est tellement bien rodé qu’il n’y a aucun temps mort. Nous sommes hypnotisés par les images défilant devant nous, pendus aux lèvres de Bono, fascinés par les mains de The Edge tantôt à la guitare, tantôt au piano. Sur scène, la complicité est toujours intacte et fait plaisir à voir. Les Irlandais jouent quelques morceaux sur la scène centrale à deux ou à quatre. Comme à son habitude, le chanteur en profitera pour faire monter avec eux une jeune fan. Le temps de deux chansons, elle va danser avec les garçons, mais aussi les filmer avec un téléphone, fourni par le frontman, afin de retransmettre sur les réseaux la prestation du groupe. Avant le rappel, les anciens hits sont à l’honneur. Nostalgie quand tu nous tiens. Chacun est plongé dans son passé au rythme de “Pride (In The Name Of Love)” ou “With Or Without You”. Le set se terminera avec trois autres chansons dont la magistrale “One”, dédiée à la lutte contre le SIDA. Avant de l’entamer, Bono dira quelques mots pour demander de garder espoir et que nous sommes proches d’une génération sans VIH. C’est debout que l’audience de l’AccorHotels Arena chante ce texte fort et symbolique, le cœur rempli d’amour et de compassion pour conclure cette belle soirée.
U2 a donné un concert touchant, grandiose. Il nous a livré une partie intime de sa vie et nous a faire revivre les beaux moments de sa carrière. Le quatuor a su trouver un bel équilibre entre militantisme et rock n’roll.
Setlist :
The Miracle (Of Joey Ramone)
Vertigo
I Will Follow
Iris (Hold Me Close)
Cedarwood Road
Song For Someone
Sunday Bloody Sunday
Raised By Wolves
Until The End Of The World
The Fly
Invisible
Even Better Than The Real Thing
Mysterious Ways
Elevation
Every Breaking Wave
October
Bullet The Blue Sky
Zooropa
Where The Streets Have No Name
Pride (In The Name Of Love)
With Or Without You
—
City Of Blinding Lights
Beautiful Day
One