Week-end chargé au Trianon pour cette fin novembre. Après un Biffy Clyro entraînant samedi, nous voilà encore dans l’une des plus belles salles parisiennes pour voir les White Lies, de retour dans la capitale après deux ans d’absence et un nouvel album dans les charts, “Big TV”.
Ouverture des portes à 19h, pas grand monde devant la salle pour profiter des places en tête de fosse, le froid ayant, en partie, fait son coming out, rendant l’attente dans la queue interminable. A peine installé à côté du (minuscule) spot pour les photographes que débarque sur scène IN THE VALLEY BELOW face à une salle remplie à 1/10. Groupe de Los Angeles ayant joué cet été à Rock En Seine, une atmosphère planante à la U2 se dégage dès leur arrivée… jusqu’à ce que la chanteuse Angela Gail et son style (vestimentaire et physique) se déploie. En plus des notes de synthés qui s’envolent tout le long de leur set, elle semble, elle aussi, en train de “planer”, très proche de Jeffrey Jacob, lui aussi chanteur et guitariste, chantonnant des chansons aux thèmes principalement basées sur l’amour et la romance. Les jeux de lumières sont assez statiques, fait de bleu et de rose (comme la différenciation mâle/femelle). Le quatuor assure les morceaux très lisses, le tout entouré d’un clavier qui prend souvent le dessus sur tout. Pour décrire encore plus le morbide, Angela utilise comme instrument sur la chanson “Searching For A Devil” une chaîne : rien de plus normal. Il n’empêche que leurs refrains sont plus qu’efficaces et attirants, dans la structure comme dans le chant où l’harmonie des deux voix se fait ressentir. A la fin de leur court set d’une petite demi-heure, la fosse se voit déjà bien plus remplie qu’au début et les applaudissements se font moins timides. La performance mi-glauque mi-progressive a su trouver chaussure à son pied face à l’audience.
21h pile, le temps s’arrête. Le Trianon est enfin à peu près rempli comme il se doit, entre les gens qui ont su investir la fosse, ceux perchés au balcon (au singulier car le second est resté clôt) et ceux perchés tout court. WHITE LIES arrive sur scène avec une simplicité déconcertante. Niveau style, c’est barbe et décontracté pour Harry McVeigh (chant/guitare), qui représente assez bien la formation. Le style new wave est de rigueur ce soir, Depeche Mode ayant fait une sorte de chirurgie esthétique via ce groupe londonien. Et la fosse tombe très vite dans la folie et l’excitation extrême. Le synthé était un instrument sacré ce soir et les londoniens, venus défendre leur dernier effort, “Big TV“, ne va pas se limiter à impressionner nos oreilles. Les effets de lumières nous donnent l’impression de regarder un spectacle plus qu’un simple groupe. Les lasers, un brouillard de fumée (qui n’aura pas rendu la vie facile aux photographes), les stroboscopes, les néons, les écrans retransmettant quelques images en live, tout pour le plaisir des yeux. Dans la soirée, vont défiler des titres très entraînants en live comme “There Goes Our Love Again”, “Farewell To The Fairground”, “First Time Caller” et d’autres un peu moins avec en exemple “The Power And The Glory”, plus en valeur sur disque ou peut être mal placé dans la setlist. Le groupe n’est pas très actif sur scène (mais le jeu visuel sauve vraiment tout), les musiciens faisant bien trop de sur-place et Harry limité à rester derrière le micro car, il faut le dire, il chante quasiment tout le temps. Les autres auraient plus faire l’effort d’investir et rentabiliser la scène, la vision du bassiste dans son propre trip provoquant à la longue une vision un peu désolante. Par ailleurs, la basse de Charles Cave, pas aussi forte qu’aux concerts habituels, structure forte avec le synthé, a su redonner l’envie en rentrant d’écouter du Depeche Mode à fond. Tout s’enchaîne très vite avec quelques moments intimistes dont deux qui ont su éveiller notre curiosité : l’annonce de “Streelights” avec un speech honorifique par rapport aux débuts du combo et la merveilleuse reprise en parfait hommage à Prince “I Would Die 4 U” jouée en duo piano/basse avec une boucle de beats qui fait dresser des poils dont vous niez encore l’existence. Même si la new wave a cette mauvaise manie de sembler un brin monotone et répétitive, l’aiguille défile sur la montre sans qu’on s’en aperçoive, l’ambiance au rendez-vous dans la fosse comme dans la mezzanine. 22h passée de quelques minutes, après un “Death” interprété sans encombre lié aux voix présentes dans toute la salle et lancées à chaque refrain, White Lies revient sur scène pour deux derniers petits morceaux mais non des moindres, puisque “Big Tv” et ses “I’ve got a room downtown/With a bed and a big TV” déchaîne. On sent que la fin arrive et que toute l’énergie qu’il reste est lâchée sur le dernier titre, et grand single de White Lies, “Bigger Than Us”. La soirée se termine aux alentours de 22h25.
Soirée très new wave et catchy, comme aime le dire les anglais, avec un public et un Trianon plus que réactif et heureux d’être là. On a eu l’impression de voir un groupe tout neuf alors que le projet White Lies a quand même six ans derrière lui et que la maturité se fait ressentir. A tous les curieux qui hésitent encore à aller les voir, le spectacle vaut le détour, rien que pour se prendre une claque visuelle et se déconnecter quelques minutes de la réalité.
Setlist :
To Lose My Life
There Goes Our Love Again
A Place To Hide
Mother Tongue
Streetlights
Farewell To The Fairground
Be Your Man
E.S.T.
The Power & The Glory
Getting Even
Unfinished Business
Goldmine
I Would Die 4 U
First Time Caller
Death
—-
Big TV
Bigger Than Us