La petite dernière des arénas parisiennes accueillait ce 21 novembre l’une des formations de metal symphonique les plus durables et populaires du genre. Deux ans après sa dernière date, Within Temptation est déjà de retour, et le show en vaut le chandelier !
Alors que les premières neiges de cette fin d’année viennent couvrir la capitale d’un manteau blanc et que les températures ne sont décidément plus agréables, l’heure est venue de se réchauffer en présence de l’un des meilleurs groupes de metal symphonique au monde. Direction l’Adidas Arena, au nord-est de Paris !
BLIND8
La première des deux premières parties s’avance : il s’agit du groupe ukrainien BLIND8. La formation bénéficie d’un soutien de taille de la part du groupe : d’abord un single en collaboration avec Sharon den Adel, puis cette place de choix au sein de la tournée Bleed Out. On apprécie le geste, mais avec trois actes musicaux pour cette soirée, le temps alloué au groupe est assez mince (à peine plus de vingt minutes).
Le groupe ne manque pas d’envie, et son message pro-ukrainien est poignant, mais les compositions manquent d’énergie et le mix n’est vraiment pas à la hauteur. À défaut de n’engager qu’une seule première partie (ce qui semble difficile à éviter dans le metal), il aurait peut-être été judicieux d’allonger, ne serait-ce qu’un peu, le temps de passage.
ANNISOKAY
Lorsque ANNISOKAY entame son premier morceau, on sent déjà que quelque chose a changé dans l’aréna. Le son est meilleur. Bien meilleur, même. Le public, bien que très chaleureux envers BLIND8, s’illumine presque lorsque les Allemands débarquent. Le lightshow est même digne d’une tête d’affiche.
Les morceaux sont percutants et ne donnent qu’une envie : hocher salement de la tête ou se lancer dans des pogos comme si demain n’existait pas. Le quatuor se permet même de faire venir Sharon den Adel sur scène pour interpréter “Like A Parasite”. La chanteuse est accueillie comme une reine. L’autre surprise, de taille elle aussi, c’est la reprise incendiaire et cathartique de “One Step Closer” de Linkin Park. Autant dire qu’après cette grosse demi-heure de riffs, le public de l’Adidas Arena est chauffé à bloc.
Tauliers du metal symphonique
WITHIN TEMPTATION n’avait pas foulé une scène parisienne depuis ce légendaire concert en double tête d’affiche avec Evanescence, il y a deux ans, quasiment jour pour jour. Entre-temps, les Néerlandais ont sorti un album, Bleed Out (2023). L’occasion parfaite pour repartir en tournée.
Et directement, c’est une scène que l’on pourrait qualifier d’épique qui nous accueille. L’arrière-plan est entièrement décoré comme si l’on se trouvait au beau milieu d’un temple gothique dont les colonnes démesurées toiseraient la foule, le tout surplombé de deux chandeliers. Un décor du plus bel effet. Le groupe s’équipe également d’écrans géants qui diffusent en boucle différentes vidéos en fonction des morceaux. Seul regret sur ce point : l’usage visiblement abusif et franchement décevant d’images générées à l’aide de l’intelligence artificielle, très flagrant pendant l’introduction.
C’est donc dans cette ambiance gothique, presque clichée (mais on n’en attendait pas moins), que les hostilités se lancent. Pendant 1h30, le groupe déroule son set avec une efficacité redoutable. Tournée oblige, c’est l’album Bleed Out qui est le mieux représenté et qui entame ce concert (“We Go To War”, incroyable intro, “Bleed Out”, “Ritual”, “Don’t Pray For Me”). La formation passe bien sûr en revue certains de ses classiques, récents ou anciens, comme “Our Solemn Hour”, “Faster” ou encore “Stand My Ground” (qui ravit la foule dès les premières notes).
Petit bémol : les samples orchestraux lancés par les synthés ne sont pas toujours très audibles. Dommage.
Reines) de la nuit
S’il y a bien quelqu’un qui focalise l’attention, c’est bien sûr Sharon den Adel. La chanteuse ne cesse d’arpenter la scène, tantôt à droite, tantôt à gauche, pendant qu’elle déclame ses paroles. Le tout accompagné, de façon presque systématique, des fameuses cornes du diable. Une personnalité attachante et agréable, même lorsqu’elle se voit obligée de demander le silence lors de son allocution très humaniste en faveur de l’Ukraine (le groupe a nettement pris parti depuis le début du conflit).
D’un point de vue vocal, Sharon est tout simplement impressionnante. Les aléas du live ? Connaît pas. La voix qui casse ? Un essoufflement ? À peine un problème pour la chanteuse. On a même l’impression d’entendre la version studio des morceaux tant son chant y ressemble à s’y méprendre. Bluffant.
Et puisqu’on parle de vocalises, comment ne pas évoquer l’arrivée “surprise” de Tarja Turunen sur scène pour chanter “The Promise” ainsi que son propre morceau “I Feel Immortal” ? La venue de la Finlandaise était annoncée, et son absence aurait évidemment déçu beaucoup de fans. Son arrivée récolte même plus d’applaudissements que certains morceaux du groupe. Certains spectateurs sont visiblement émus par son apparition.
La chanteuse revient également lors du rappel pour interpréter le morceau “Paradise (What About Us?)” avant de laisser le groupe conclure avec une version parfaite d’un de ses tout premiers succès : “Mother Earth”. Une très belle soirée se termine alors, sans oublier la photo commémorative du groupe avant que les lumières de la salle ne se rallument. Le retour à la réalité (et au froid) est dur, mais il reste les souvenirs dans la tête.