Ce 4 octobre, La Maroquinerie a vu se produire le groupe de rock anglais le plus prometteur de sa génération. Avec la fougue et le talent de certains de ses plus prestigieux aïeux, Yak parvient à créer un son unique, entre rock garage et post punk. Retour sur un show intense, impertinent et inoubliable.
Formé en 2014, le trio, composé des deux Anglais Oli Burslem et Andy Jones et du Néo-Zélandais Elliot Rawson, sort son premier album “Alas Salvation“, en mai 2016. Produit par Steve Mackey, le bassiste de Pulp, il fait suite à un premier EP prometteur, “No”, sorti sur le label Third Man Records de Jack White. Rien que ça ! En plus, ils reçoivent aussi l’admiration de The Libertines pour qui ils assurent des premières parties. De notre côté, on a eu la chance de les découvrir cet été aux Nuits De Fourvière de Lyon en première partie de The Last Shadow Puppets. Si l’effort studio, enregistré dans des conditions proches du live, nous avait déjà impressionnés, nul doute qu’il prend toute son ampleur sur scène.
21h. Une bière à la main, les yeux rivés sur la scène, le coeur palpitant d’excitation, La Maro tremble d’impatience. Avec quinze minutes de retard, Yak s’empare de la petite scène parisienne. Oli, cheveux tombant négligemment devant les yeux, s’attèle au clavier, Andy, tout en élégance, l’accompagne à la basse tandis qu’Elliot, véritable sosie de Jack White, caresse ses cymbales du bout de ses baguettes. Le suspense grimpe d’un cran. Lorsqu’Oli enfourche sa guitare, le public reconnaît “Harbour The Feeling” et pogote très rapidement dans les premiers rangs tandis que le reste de la foule compacte dodeline de la tête au son d’une guitare rugissante et d’une batterie énergique. Oli capte tous les regards grâce à sa voix tout en intensité, sa gestuelle rock à souhait et sa moue à la Mick Jagger. En véritable bête de scène, il multiplie les interactions avec l’assemblée, s’approchant au plus près des spectateurs en extase avant de fendre la foule à plusieurs reprises pour danser avec elle ou effectuer un solo de guitare captivant, une serviette éponge posée sur la tête. Il confiera même sa guitare à un membre de l’audience pendant quelques secondes.
Pendant plus d’une heure, Yak ne se laisse guère de répit, mais s’adresse quand même quelques fois à son auditoire : “Merci ! Ça va Paris ? It’s a pleasure to be here!”, lance Oli après son solo, le temps de reprendre son souffle. Oh que oui c’est un plaisir ! Elliot est puissant sur sa batterie (il ira même jusqu’à casser ses baguettes), Andy tout en justesse à la basse et Oli, impressionnant de fougue et d’envie. Si les influences telles que The Stooges et The White Stipes sont notables, Yak ne fait pas dans la copie. Alternant moments d’intensité extrême et moments beaucoup plus calmes, notamment sur “Hungry Heart”, le trio prend plaisir à jouer avec les nerfs de son public qui devient fou à chaque interruption de morceau. Fonctionnant sans setlist, le trio progresse selon l’envie et nous offre différentes versions de “Alas Salvation”, pour le plus grand bonheur des spectateurs. Ces derniers, très réceptifs à ce show explosif, ne cesse d’headbanger et de pogoter, allant jusqu’à faire plier les premiers rangs en deux.
Sur le dernier morceau, Oli se jette dans la foule pour un long slam, tout en continuant de gratter frénétiquement sa guitare, avant de quitter la scène avec un mic drop, sans un mot pour son public. Une arrogance rock curieusement appréciable. Andy et Elliot terminent la chanson sous les applaudissements d’une audience suante, galvanisée et conquise. Pas de rappel. Mais qu’importe, cette heure de rock pur était si intense qu’on en émerge repu.
Yak a livré ce soir l’un des meilleurs concerts de 2016. Une sorte de chaos organisé, musicalement imparfait pour plus d’authenticité, visuellement hypnotisant et physiquement euphorisant !