Zeal & Ardor, c’est sur toutes les lèvres depuis deux ans déjà. Le projet de Manuel Gagneux jouit d’une hype assez incroyable depuis la sortie de son premier album, “Devil Is Fine”, en février 2017. Que ce soit du côté des puristes ou des profanes, tous s’enthousiasment sur le style unique de Zeal & Ardor. Malgré des tournées incessantes depuis l’hiver 2017, le groupe n’est de passage à Paris que pour la deuxième fois seulement. L’occasion pour eux de se frotter à la mythique Cigale. Pour l’occasion, ils sont accompagnés du groupe français qui a tout écrasé sur son passage cette année : Hangman’s Chair.
Cette soirée glaciale débute à 19h45 tapante avec l’entrée en scène de HANGMAN’S CHAIR. Auréolé d’un succès unanime avec son dernier album, “Banlieue Triste“, sorti en mars dernier, le quatuor parisien arrive en terrain conquis et donne le sentiment que, plus qu’une première partie, une partie du public ce soir n’est uniquement présent que pour le groupe français. Axant la plus grande partie de sa setlist sur son dernier méfait, Hangman’s Chair balance un set tout en maitrise, en nuance, avec un son nickel, bien qu’un poil caricatural (cette reverb sur la batterie, vraiment ?). La salle est réceptive aux chansons du groupe originaire du 91 et reprend même certains refrains avec la formation. Ce set fait plaisir à voir tant l’accueil réservé par l’assemblée à un groupe français se fait rare. Preuve qu’Hangman’s Chair compte parmi les formations incontournables de la musique alternative française, c’est une chaleureuse ovation qui accompagne les derniers instants du set. Le quatuor, visiblement très heureux d’être reçu ainsi, aura rendu la monnaie à son public en lui offrant un set d’une grande qualité, qui n’aurait pas à rougir face à des pointures internationales souvent bien plus considérées uniquement grâce (ou à cause) de leur nationalité. Bravo les gars !
Après une bonne demie-heure de changement de scène, les lumières s’éteignent à 21h pile. Les boucles électro et chaotiques de “Sacrilegium I” retentissent dans la salle tandis que ZEAL & ARDOR monte sur scène sous une chaleureuse acclamation. L’heure n’est pas eu repos et l’abrasive “In Ashes”, issue du dernier album “Stranger Fruit” est lâchée sauvagement. Manuel Gagneux est au centre de la scène et il est entouré de ses deux choristes masculins et d’une bassiste à sa droite et d’un second guitariste à sa gauche, le tout en ligne devant le batteur en arrière scène. Le son est incisif et les mantras de “Servants” résonnent fort dans La Cigale. Si cette dernière n’est pas intégralement remplie (les balcons sont assez dégarnis), la fosse affiche une belle affluence et surtout, ne lésine pas sur l’énergie et les chants pour soutenir le groupe au mieux. La communication envers le public est volontairement absente du set, Gagneux ne prendra la parole qu’une seule fois au tiers du set afin de saluer la salle et d’annoncer que ce sera la seule communication autre que musicale ce soir. Car c’est dont il est question : de musique ! Bien que le projet d’un seul homme, l’ensemble de la formation est habité par les compositions chamaniques des albums. “You Ain’t Coming Back”, “Row Row” ou encore la brûlante “Cut Me” sont jouées pour le plus grand bonheur des fans. Le son s’améliore de chanson en chanson, rendant véritablement hommage la richesse de l’écriture de Gagneux. Ce dernier alterne d’ailleurs entre des lignes de chant d’une puissance et d’une émotion remarquable avec des cris glaçants malheureusement un peu noyés dans le mix. Le lightshow enfin est épileptique et accentue l’ambiance particulière de ce concert.
Le set se compose des deux albums sortis à ce jour ainsi que de trois inédites, “Cut Me”, “We Never Fall” et “Baphomet”. Le groupe quitte une première fois la scène après “We Can’t Be Found”. Mais la génial “Sacrilegium III” retentit dans le noir tandis que le public s’époumone afin de faire revenir Zeal & Ardor. Si les rappels sont, aujourd’hui, tous savamment calculés par les artistes, il est indéniable que la chaleur du public parisien ce soir semble véritablement émouvoir Gagneux et ses compagnons. Après un ultime remerciement, la formation enchaîne sur trois chansons, dont le tube “Devil Is Fine”, que l’ensemble de La Cigale reprend avec joie. La bande clôture son set avec l’inédite “Baphomet” et quitte la scène une ultime fois, avec le sentiment du devoir accompli.
Zeal & Ardor aura impressionné ce soir, donnant l’un des meilleurs concerts de l’année dans l’énergie et dans la maîtrise. L’originalité du projet est désormais rejointe par une véritable proposition scénique à la hauteur de ce que nous sommes en droit d’espérer d’un groupe aussi ambitieux. La suite, vite !
Setlist :
In Ashes
Servants
Come On Down
Blood In The River
Row Row
You Ain’t Coming Back
We Never Fall
Waste
Fire Of Motion
Ship On Fire
Stranger Fruit
Cut Me
Gravedigger’s Chant
Children’s Summon
Built On Ashes
We Can’t Be Found
—-
Sacrilegium III
Don’t You Dare
Devil Is Fine
Baphomet